Lego surdimensionné

Donne la papatte

Tandis que j’assistais l’autre jour à une compétition de GRS-sur-tapis-de-Lego, organisée par la Fédération Belge des Sports Sado-Maso en salle, je suis tombé nez-à-nez avec un vieil ami d’enfance bigleux, qui m’avait perdu de vue depuis longtemps. Pris par surprise, je m’empressai de l’inviter à passer un de ces soirs à la maison. « -J’ai une spécialité de pot-au-feu dont tu me diras des nouvelles ! » lui lancai-je fièrement. Sa réponse fusa un peu trop vite : « -Avec grand plaisir ! Si tu as le temps, on en profitera pour manger un bout après ?! ».

Heureusement pour moi, la plupart du temps, ce genre de démonstration de pure courtoisie est bien compris de votre interlocuteur, et ne vous engage à rien. Cependant, il nous est arrivé à tous d’être pris au dépourvu par un hurluberlu, bien décidé à nous résumer par le menu ses angoisses existentielles, en réponse à un pourtant bien innocent « -Comment ça va ? ». Le récit de son mal-être étant de nature à vous donner envie de périr devant une compétition de croquet-sur-glace sur Eurosport, voilà que vous regrettez amèrement d’avoir voulu être poli… Décidément, la courtoisie n’est pas sans danger !

Pour cette raison d’ailleurs, nous avons tous dans nos carnets d’adresses deux ou trois sociopathes, dont nous conservons les coordonnées juste pour être sûrs de ne pas répondre par mégarde à leurs appels impromptus.

Seulement voilà : la chose devient plus compliquée lorsque l’individu qui vous harcèle n’est pas une vague connaissance du passé, mais un être que vous avez fréquenté d’un peu beaucoup trop près. Une ex-petite-amie aux tendances névropathes, ou un pervers narcissique, sont des créatures bien difficiles à tenir éloignées de votre espace vital, une fois que vous avez commis l’imprudence de les laisser y élire domicile.

Je me refuse évidemment à dispenser quelque conseil que ce soit à mes frères masculins dans leurs choix affectifs ; je préfère de loin les laisser débusquer à ma place les femelles névropathes du troupeau (faut être logique !).

Par contre, rien ne m’interdit de faire profiter mes lectrices de mes connaissances en matière de pervers narcissiques, que ma qualité de mâle me permet d’observer avec la rigueur et l’objectivité de l’anthropologue, dans les salles de sport ou lors de dîners entre (futurs-ex) amis.

De ces fines observations, j’ai modestement pu échafauder une théorie qui pourrait sauver des vies. L’hypothèse principale est la suivante : les hommes sont régulièrement – et à juste titre – comparés aux chiens, pour leur tendance à penser de façon assez binaire, à l’aide d’organes situés en deçà de la ligne de flottaison. Dès lors, ne serait-il pas possible, pour les femmes souhaitant adopter un compagnon mâle humain sans tomber sur un molosse, de se référer aux nombreuses études des éleveurs et comportementalistes canins sur l’adoption des chiots ? Jugez plutôt…

Médor assiste, extatique, à une partie de beach-curling comptant pour les championnats du monde

La première leçon donnée par les spécialistes est très claire : lorsque vous vous rendez dans un élevage (comprenez : le bar à tapas le plus proche) à la recherche d’un animal de compagnie (comprenez : Kikh est trop poli pour écrire « un compagnon à poils »), nombre de candidates à l’adoption fondent pour le premier chiot de la portée qui vient à leur rencontre pour leur lécher la main… c’est une décision désastreuse : vous vous sentez flattée par cet élan à votre endroit, alors que ce chiot qui se précipite sur vous est en fait le mâle alpha de la meute, qui exige d’être le premier à vérifier si vous auriez sur vous un os à ronger (oui, la métaphore est vraiment plus riche que je ne l’avais anticipé…). Cet oeil humide cache un pervers narcissique en puissance : fuyez !

Votre compagnon, pervers narcissique insensible, reste là, les pattes croisées devant votre détresse

Avertie du danger, vous retournez au chenil (comprenez : à la fête d’anniversaire d’une amie qui a très modestement loué un hippodrome pour l’occasion). Toujours dans l’espoir de ramener à la maison un sympathique toutou (comprenez : Kikh est bien trop gentleman pour écrire ici que vous souhaitez « ramener un camarade à quatre pattes »), vous décidez d’opter pour l’approche inverse. Et d’accoster proactivement le chiot qui était resté dans son coin, en vous regardant d’un air effarouché. Décision funeste : cet individu asocial est l’animal de la meute le plus susceptible de vous blesser. Le chien apeuré et bourré d’insécurités, probablement jaloux et possessif, mordra la main qui veut le nourrir ! Décidément, vous n’avez pas de chance !

Alors finalement, que faire ?! Adopter un compagnon, canin ou humanoïde, doit obéir aux mêmes principes, pour déboucher sur une relation saine. Agir sur un coup de foudre est idiot ; vous cédez une décision cruciale aux (mauvais) soins de vos biais cognitifs, et de vos attentes du moment (sans doute irréalistes, comme toute attente qui se respecte !).

De même, adopter un(e) bête effarouché(e) débouche sur des catastrophes ; soit vous courez à la déception, soit vous vous retrouvez auprès d’un individu devenu votre débiteur (non, là la métaphore est terminée, n’insistez pas !)… et personne n’a envie de voir en permanence son banquier, surtout s’il doit lui rembourser (j’ai dit : n’insistez pas !!) son emprunt hypothécaire. Rappelez-vous que vous n’êtes pas tenue de sauver qui que ce soit ; laissez cela au psychiatre de garde le plus proche !

Sur ce je vous souhaite, chères lectrices, de pouvoir passer l’hiver à la maison avec un sympathique chienchien (comprenez : l’auteur de ce blog est vraiment très poli, pour n’avoir à aucun moment fait usage de l’expression « compagnon à queue » ; décidément, je recommanderai son blog à mes ami(e)s). Et s’il a juste l’air « normal », et « comme les autres »… est-ce vraiment grave finalement ? Du moment que vous notez bien votre numéro sur son collier, il y aura toujours une bonne âme pour le ramener à la maison si jamais il oublie de rentrer du bar à tapas…

Bonnes fêtes, et bon hiver sous l’édredon,

Kikh

P.S.: Si le mâle est déjà fait, et que ces quelques recommendations ne vous sont pas parvenues à temps, il n’est peut-être pas trop tard pour suggérer à Médor d’aller faire montre de son adresse à cette fameuse compétition de GRS… ?!

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