1er février 2020. Cela fait donc 31 jours déjà que nous avons pris nos fameuses bonnes résolutions du Nouvel An. Et environ 29 que nous les avons sagement remisées au panier. Entretemps, le Royaume Désuni a enfin obtenu les papiers du divorce, sans qu’on sache précisément qui partira avec l’argenterie, et qui héritera de la (peu enviable) garde des mioches.
Pendant que les ex-amants vont s’écharper pour les bijoux de la couronne, et à l’instar du morcif de banquise de Jean-Kevin l’ours polaire (dont vous ne pouvez pas avoir déjà oublié les pérégrinations arctiques… bande de sans coeurs !!!), c’est à présent Nikki l’esturgeon qui rêve d’émancipation, histoire de s’éloigner un peu de ses fâcheux voisins de bassin.
Depuis 31 jours que cette fameuse « Nouvelle Année » est arrivée, l’administration Made in US a poursuivi son travail de sape, dirigée par son triste sire sur la sellette, prêt à mettre le feu aux poudres avant de faire quitter ses GI Joe’s d’un (très) Moyen Orient toujours en pleine crise d’adulescence programmée.
Tandis que Donald Dick vomit sa bile sur Twitter, et menace de faire sauter la planète, l’Union Européenne ne reste pas les bras croisés, malgré ce qu’affirment certains. Elle déploie comme toujours des miracles d’ingéniosité pour trouver le meilleur moyen de casser les roubignolles de ses 448 millions de sujets (cherchez pas : c’est juste que, dans mon enthousisame, j’ai déjà soustrait les 65 millions d’habitants du Royaume-Uni du recensement officiel de l’UE) avec des règlements absurdes, abscons et indigestes, à l’instar de ses récentes prouesses sur la soi-disant protection des données personnelles qui continuent à gâcher la vie de millions de travailleurs européens perdus dans ce salmigondis.
Indubitablement à la solde du lobby des juristes, le Parlement européen n’a pas son pareil pour vous pondre des documents illisibles de 400 pages, garantissant des années de travail et des milliards d’Euros d’honoraires à des hordes d’avocats assoiffés de RGPD, qui peuvent accomplir le rêve de leur vie en pratiquant la masturbation mentale collective, afin de décider si des petites cases de consentement pré-cochées sur un site web sont juste illégales, ou bien carrément passibles de la peine capitale.
Pour couronner le tout, on nous apprend qu’au Pays des Kangourous, pas moins d’un milliard (!) de dignes représentants du vivant ont déjà péri dans les feux de brousse de cet été austral. Décidément, les relations diplomatiques sont les dernières choses encore capables de se les geler sur notre minuscule bille de clown bleue perdue en oblivion, dans une voie lactée semblant elle aussi en train de cailler.
Et pendant ce temps-là, nous tentons vaille que vaille, à la maison, de sauver les meubles à grands coups d’achats de légumes bio et de graines en vrac, en branlant péniblement tous les matins au-dessus du poêle notre sac de pellets – dont au passage vous commencez peut-être comme moi à vous demander si le fait que ces machins soient livrés dans… des énormes sacs en plastique, ne serait pas la preuve qu’on nous a de nouveau vendu une demi bonne idée.
Pour contrebalancer ce tableau tout en subtiles nuances de gris, mais susceptible d’entamer le moral de lecteurs moins enthousiastes que vous, je comptais tenter un magistral contre-pied, en utilisant le fameux « après la pluie, le beau temps »… mais je crains que certains parmi vous ne voient dans cette transition malheureuse une nouvelle preuve de mon soi-disant cynisme (alors que ce n’est tout de même pas ma faute si les évènements passent leur temps à me donner raison !?).
Cynisme ou ironie, peu importe : je vous accorde très volontiers que l’expression serait un rien malencontreuse, juste après avoir évoqué le sort funeste de ces milliers de koalas grillés ! Gageons que ces derniers préféreraient que la météo procède plutôt en sens inverse de l’expression populaire. Qu’à cela ne tienne ; si ça ne vous fait rien, je vous dirai donc à la place : « après le beau temps, une bonne douche » !
Car oui : tandis que je me remettais péniblement d’une séance de thérapie avec mon groupe des alcooliques unanimes – à l’heure où d’autres entament leur tournée misérable annuelle – je vins à réaliser que nous venions de sauter à pieds joints dans le mois de février. Le 1er février… Une date qui nous apporte traditionnellement son lot de bonnes nouvelles !
La première – et non des moindres – est bien sûr le fait que plus aucun de ces sinistres connards, n’ayant manifestement pas ouvert un journal depuis très longtemps, ne devrait vous adresser ses « meilleurs voeux de bonne année » avant un bon bout de temps ; 335 jours si tout va bien. Nous gagnons même 24 heures de rab, car 2020 est une année bissextile… deuxième bonne nouvelle !!
Et ce n’est pas tout : les jours continuent à rallonger dans l’hémisphère nord, promesse d’un retour prochain, et en fanfare, de la saison des barbecues et de l’apéro perpétuel. Troisième bonne nouvelle (sauf pour nos camarades bovins, mais on ne peut pas contenter tout le monde en même temps) !
A ce rythme-là, vous allez voir qu’avec un peu de chance, 2020 sera enfin l’année où l’Union européenne, en bon quadra ayant subitement récupéré sa liberté, va sortir de sa cage en mode « no tomorrow« , et faire tout ce dont elle rêvait depuis si longtemps sans jamais oser se l’avouer. Au diable le GDPR : comprenant soudain qu’ils ont fait fausse route, nos très/trop (biffer la mention inutile) chers eurocrates s’intéresseront-ils enfin cette année aux VRAIS problèmes de leurs cons citoyens (vous pouvez l’écrire en un mot si vous y tenez vraiment, mais moi je le préfère comme ça) ?
Je parle bien sûr, et dans le désordre : de l’assommant changement d’heure semestriel, invention méphistophélique s’il en est ; des imbéciles qui pensent que le clignotant de leur automobile sert juste à accompagner l’ambitieuse manoeuvre qu’ils viennent d’entamer sur la chaussée sans la moindre sommation d’usage ; de l’utilisation abusive en interviews du mot « voilà » par les footballeurs professionnels ; de l’hérésie de l’ananas sur les pizzas (ou sur les pizze, puisque l’un et l’autre se dit, ou se disent) et du port du combo « sandales + chaussettes » dans l’espace publique.
Par-dessus tout, qui sait si ces hurluberlus, ces inutiles, ces hérauts de l’inefficience administrative, dans une soudaine et inespérée prise de conscience collective, ne vont pas se décider à prendre la seule décision logique qui s’impose, celle que nous attendons tous, aux quatre coins du Vieil inContinent : l’instauration d’un permis à points pour la rédaction d’e-mails et de commentaires sur le web ?!
L’obtention de ce précieux sésame nécessiterait de passer un examen particulièrement pointilleux sur l’usage différencié de la conjugaison, à la première personne du singulier, du futur simple et du conditionnel présent. Et comme pour le permis de conduire : deux fautes graves seraient synonymes d’échec. C’est tellement plus joli de se faire insulter ou cyber-harceler en bon français… Pourquoi nous priverait-on plus longtemps de ce plaisir, je vous le demande ?!
Bien que certainement trop moderne pour les chiffes-molles qui nous dirigent, un programme aussi audacieux pourrait rattraper le lamentable début de décennie que nous venons de vivre… Si ça se produit, tous les idiots qui ont osé souhaiter à votre serviteur une « Bonne et Heureuse Année 2020 » recevront de ma part un mot personnel d’excuses pour le mépris qu’ils ont reçu en retour (sauf rares moments d’égarements).
D’ici là, bon mois de février à toutes et à tous, et bon courage si vous avez décidé de renoncer à chercher le réconfort de la boutanche pendant ce très long mois ; plus que 29 jours ! Saloperie d’année bissextile !
A la semaine prochaine,
Kikh