En guise de prélude au billet de cette semaine, j’ai un aveu à vous faire : je n’écoute jamais la radio. Je trouve que c’est un média assez inaudible, dont les pubs pour Ikea tournent un peu trop en boucle.
Du coup, je ne suis jamais au courant des sorties musicales – et c’est généralement très bien ainsi.
Cependant, il faut que je vous dise : j’ai tout de même fini par tomber sur ce fameux album de Covid19 feat. DJ Wuhan dont tout le monde chante les louanges. Et c’est vrai que ce tube « Lockdown party » confine au sublime ! Rien de surprenant à ce qu’il fasse des ravages parmi nos aînés, et qu’il scotche nos enfants à leurs baladeurs…
Quelques semaines seulement après la sortie de ce tube à couper le souffle, nous sommes à présent plusieurs milliards de spectateurs éberlués, assis dans nos canapés à regarder le clip en boucle plutôt que d’aller bosser, ne sortant que pour faire un 33 tours du pâté de maison.
Cependant, à l’instar d’une chanson de R’n’B : les plus courtes sont les meilleures. Même pour votre serviteur, pourtant grand amateur de house music, il me semble que le machin commence à sonner légèrement comme un disque rayé…
Avant que ce confinement ne devienne un refrain trop connu, il serait peut-être temps de changer de CD ?! Comme un ouragan, la crise a emporté des pans entiers de notre économie, et si nous n’appuyons pas sur le bouton stop, l’onde de choc pourrait se propager par contagion à des secteurs indispensables à notre survie !
Imaginez la cacophonie, si des entreprises fournissant des biens de première nécessité, telles PwC ou McKinsey, ne remettaient pas vite leurs services en mode play ?! Ou si Hamburg Mannheimer et les call centers ne revenaient pas bientôt nous chanter au téléphone leurs mélodieux négoces ?!
Du côté du secteur médical, il reste des professions mises en chômage forcé, qu’il va falloir penser à refaire tourner. Tant qu’on respecte les distances de sécurité, je ne vois pas ce qui empêche les kinés et les ostéos de nous remettre nos disques en place ! Quant aux dentistes qui se languissent du son mélodieux de leurs fraise… qu’ils se rassurent, on est tout-à-fait prêts à garder nos masques !
Aussi, quitte à être très honnête avec vous, je commence à me faire du mauvais sang impur pour RyanAir. S’ils ferment boutique, comment ferons-nous demain, pour aller à Madrid assister à un bon vieux concert de réunions de dix minutes qui auraient pu être un e-mail ? Ou pour nous envoler sur un coup de tête pour un demi weekend à Naples et Pompéi, pour le prix d’un simple Blueray de Johnny au Stade de France ? Mmh ?
Comme vous le voyez, nous aurons bientôt une floppée d’activités à remettre en musique. Ne serait-ce pas l’occasion inespérée de retourner le vinyle et de passer à la face B ?
Par exemple, il y a quelques métiers qui vont vite se trouver en pénurie, et j’ose espérer que nos politiciens sont à l’écoute. A commencer par les spécialistes en thérapies de groupes, qui ne savent déjà plus où Zoomer de la tête pour soigner les couples dissonnants.
Ils seront directement suivis, dans environ 8 à 9 mois, des sages-femmes et des avocats spécialisés en divorces – qui feraient peut-être bien d’accorder leurs violons pour proposer des formules « 2 en 1 » à tous ces quatuors à discorde.
Pensons-y lorsque, dans quelques semaines, nous commencerons à réentendre une légère mélodie nous flatter les tympans ; celle de nos chers collègues désormais oubliés (sérieux : quand on retournera bosser, faudra pas oublier de mettre un badge avec votre nom… merci d’avance !). Même le cri strident de votre chef de sévices sonnera comme une douce mélopée.
Telles des cigales, nous danserons alors tout l’été (par petits groupes, certes, mais tout de même). Hélas, pas d’option fast forward à disposition : ce déconfinement se fera crescendo, si nous voulons éviter que Coranovirus et son orchestre nous fassent un rappel !
Nous serons donc tenus un certain temps de nous déguiser en Michael Jackson pour faire nos courses. Ce ne sera pas funky au début, mais oreilleenplus, c’est le prix à payer si vous ne voulez pas entendre résonner l’Adagio d’Albinoni en votre honneur… Ca mérite un petit effort pour suivre à la baguette les injonctions de Sophie 1ère notre cheffe d’orchestre !
Comme le chantait Juliette Gréco, avec une sacrée avance sur son temps : Déconfinez-moi, oui… mais pas tout de suite… pas trop vite. Ne soyez pas comme tous les hommes trop pressés
Et vous… Déconfinez-vous !
A la semaine prochaine, pour un nouveau hit « single« … Stay tuned!
Kikh