Message à l’intention de mes lecteurs extravertis, à qui ce reconfinement n’a pas l’heur de plaire
Ce n’est pas un secret, pour toi qui lis ce blog au moins une fois l’an ; ce reconfinement qui n’ose pas dire son nom n’est pas spécifiquement fait pour gêner ton serviteur. Sans aller jusqu’à affirmer que c’était mon idée, disons tout de même que c’en était une que j’aurais pu avoir.
Néanmoins, ton ami Kikh sait qu’il fait partie à ce titre d’une rare élite (j’ai même ma carte de membre du FLI – tout était dans mon article du mois de juin, suis un peu, que diantre !), et que pour d’autres de mes contemporains, toi peut-être qui as atterri ici, cette année 2020 ne laissera pas le plus exquis des souvenirs.
Lors du premier confinement, entre deux barbecues webinaires (au vu du nombre croissant de boomers et de zoomers dans mon lectorat, je suis obligé à présent de m’autocensurer), j’avais pris le temps de rédiger un petit article destiné à lister les quelques plaisirs, plus ou moins mesquins, qu’il nous était encore permis d’espérer depuis le confort de nos chaumières – entre deux réunions ZOOM.
Seulement voilà : nous étions au printemps ! Cette fois-ci, et à moins d’une accélération vraiment spectaculaire du réchauffement climatique, la saison des apéros aux balcons est bel et bien terminée. Le mobilier de jardin s’apprête à hiverner, et toi avec. Et pour ce qui est des vacances au soleil, ça ne devrait bientôt plus être une option, le monde entier ou à peu près étant devenu zone rouge (Joseph McCarthy avait raison !!).
Oui, cet article est pour toi.
Pour toi qui te demandes comment ce monde que tu aimais tant a pu partir à ce point en couille webinaire ; pour toi qui n’a même plus l’énergie de finir tes e-mails par « prenez soin de vous », mais te contente désormais d’un mélancolique « Allez, courage ! ».
Ce message t’est destiné, si toi aussi tu trouves en revoyant La Grande Vadrouille que finalement, les nazis étaient quand même des occupants bien permissifs – à la limite du laxisme !
Pour toi, qui pleures en silence dans ton appartement en réalisant que ton seul moment de récréation va consister à braver le couvre-feu pour tenter de te procurer de l’alcool frelaté après 20h pile – comme aux temps bénis de la prohibition ! Le tout en veillant à éviter les sbires du Shérif de Nottingham.
Pour toi qui te demandes déjà comment tu vas bien pouvoir échapper aux griffes de ton traître de supérieur hiérarchique, véritable oeil de Moscou, pour une après-midi de sieste webinaire aux frais de la princesse (pour ta défense, il faut bien admettre qu’il est un peu capricieux quand il s’y met !).
Pour toi aussi, pour qui ces maudits épidémiologistes ont officiellement rejoint les météorologues et les économistes dans le club très fermé des professionnels auxquels on ne peut définitivement pas se fier – sauf pour nous expliquer par après pourquoi ils se sont trompés.
Pour toi, enfin, pour qui le manque de contacts humains est une souffrance ; je sais que la perspective de recommencer à vivre au gré des meetings Hangouts et autres Webex te donne des sueurs froides !
Maintenant que te voici à nouveau cloîtré, en train de faire résonner le silence de tes pantoufles pour Dieu/Allah/Ganesha sait combien de temps, la tentation est grande de te laisser gagner par le désespoir. Mais comme on dit chez les Kennedy : faut jamais se laisser abattre ! Il est temps que nos sénéchaux et nos contremaîtres, tous ces télésclavagistes en puissance, sachent de quel bois nous nous chauffons !
Les quatre murs de ton appartement sont devenus une prison dorée ? Qu’à cela ne tienne ! Il est temps de transformer ton living en nouveau Tian’anmen ; d’écouter les Clash, les Stones et Led Zep’ à fond la caisse ; de faire de chaque jour un vendredi soir ; de littéralement danser sous la pluie (avant 22h ; n’oublie pas ton masque) !
Le moment est venu de sortir ton plus beau Fuck webinar mug de son armoire lors de tes réunions TEAMS, histoire que ton patron, cet empêcheur de ronfler en rond, sache ce que tu penses de ses gesticulations simiesques !
Et puis surtout, sache que ton ami Kikh, héraut du confinement, est là pour toi ! Les services postaux fonctionnant encore, je te propose de leur donner un max de boulot !
Tu n’as pas de FuckWebinar mug ? Fais-moi signe, et je t’en fais livrer un, promis ! Tu cherches un bon film pour occuper ta soirée ; appelle-moi, et je t’en piratewebinarise un ! Tes mouflets sont intenables ? Je m’engage à les tancer personnellement via ZOOM ! Envie de bouquiner ? Un mot de ta part, et je tire de ma bibliothèque perso un chef d’oeuvre qui pourrait te distraire, et je le confie aux bons soins de BPost !
Cette offre est ferme, valable jusqu’à l’arrivée de ce putainwebinaire de vaccin, et non soumise à conditions. On peut même en faire une chaîne ; ça évitera d’enrichir Jeff Bezos, je crois qu’il n’en a pas spécialement besoin en fait.
Tous ensemble, on va y arriver ! Crois-en mon expérience : il est tout-à-fait possible de transformer un (re)confinement en fiesta, et d’envoyer promener ce trou-du-cwebinaire de COVID. Et avec lui, toutes celles et tous ceux qui ont la prétention, plus que jamais, de nous dire ce que nous avons à faire ! Puisqu’ils ne peuvent plus sortir de chez eux non plus, on ne va pas se laisser emmerderwebinariser plus longtemps !
Hasta la reconfina !
A la semaine prochaine – parce que je m’engage à t’écrire un nouvel article chaque semaine jusqu’à l’arrivée du redéconfinement*. Et d’ici là : courage !
El Kiko
*Remarque personnelle à l’un de mes lecteurs, dont j’anticipe déjà qu’il va lever les yeux au fiel en lisant cette annonce – il se reconnaîtra. 1 : Je te vois ! Et 2 : je te signale que tu es ici de ton plein gré…