La nudité de l’être

Guerre des Rose

J’ai un aveu à vous faire. Et je compte sur votre discrétion : si ça sort d’ici, je saurai que c’est vous ! Entre deux soirées consacrées à la dégustation de succulentes pizzas préparées et congelées à la main par le fils d’un célèbre médecin allemand (un jeune homme charmant par ailleurs, rescapé des camps de concentration nazis puisqu’il a miraculeusement survécu à une chute spectaculaire du mirador de Dachau), tandis que je me trouve submergé de travail et/ou de séries télévisées made in us, il peut très exceptionnellement m’arriver de me poser quelques (rares) questions existentielles.

Parmi ces interrogations qui me taraudent brièvement dans ces circonstances, à côté des questions fondamentales que nous nous posons évidemment tous (d’où viens-je ?, à quoi ressemble la mort ?, pourquoi mes clés de bagnole sont-elles dans le frigo ?, et surtout, nom d’un chien : où diable est cette foutue télécommande ?*), s’en trouve une qui, régulièrement, tous les six mois environ, s’impose à mon esprit, et dont la réponse persiste à me fuir.

Pour vous le dire tout net, et au risque de surprendre mes plus fidèles lecteurs, cette étrange introspection récurrente a trait au caractère (in)opportun de ce fameux célibat, qui pourtant semble me coller si bien à la peau. Je sais que ça vous en bouche un coin, inutile de nier l’effet (ni les faits) !

Guerre des Rose
S’aimer, c’est regarder ensemble dans la même direction. L’astuce est donc d’installer la télé dans le bon angle pour ne rien rater de The Voice Belgique.

Un type manifestement plus affûté que moi a dit un jour que le couple était le meilleur moyen de résoudre tout ces problèmes qui ne se seraient jamais posés si vous étiez demeuré célibataire. C’est exact, et c’est à ce titre que votre serviteur, ennemi juré des problèmes, a décidé il y a belle lurette d’adopter un style de vie digne des plus célèbres anachorètes de la chrétienté. Avec le succès que vous savez. Malgré cela, il m’arrive donc parfois, durant une longue soirée d’hiver, de me demander à tête reposée s’il ne serait pas temps de céder à mon tour aux sirènes de la vie en couple.

Dans ces instants de solitude méditative, je procède alors comme je le fais toujours : en rédigeant mentalement une petite liste des « POUR » et des « CONTRE ». Je la partage volontiers avec vous, à l’intention de mes lecteurs célibataire, ou de ceux qui songeraient sérieusement à procéder à une épousectomie dans un futur proche.

Dans la colonne des « CONTRE », il est évident que la possession unilatérale de la télécommande, et la facilité qu’elle confère à la programmation télévisuelle du foyer, sont des arguments massue en défaveur de la vie de couple. De même, le célibat vous permet d’échapper à une quantité invraisemblable d’invitations à des brunchs et autres cheese & wine… sans parler des ennuyeuses pendaisons de crémaillère dont le nombre se trouve mathématiquement multiplié par deux sitôt que vous prenez la funeste décision de composer un binôme. Enfin, sauf si vous ronflez VRAIMENT très fort, au point de vous réveiller vous-même, l’impact néfaste de la vie de couple sur le sommeil est depuis longtemps un élément reconnu par la communauté scientifique.

Mais la colonne des « POUR » n’est pas en reste, je vous le concède (je vous entendais déjà protester, et me traiter de vilain jaloux… ce que vous pouvez être tordus dans votre genre !). Ainsi, chaque été, lorsque l’astre solaire darde ses rayons sur l’étendue sablonneuse où vous avez décidé d’offrir votre carcasse aux UV, comment ne pas réaliser à quel point votre solitude est un fardeau tandis que vous vous lancez dans d’absurdes reptations pour essayer en vain de vous recouvrir les vertèbres de crème solaire !? Une compagne (ou un compagnon, qui sommes-nous pour juger ?!), à ce moment-là, serait pour vous une véritable bouée de sauvetage (à moins d’avoir une attirance pour les personnes manchotes… encore une fois, qui serions-nous pour émettre le moindre jugement ?!).

De même, le célibataire peut s’offrir autant de cadeaux qu’il le veut, l’effet de surprise reste très difficile à reproduire au moment du déballage, au pied du sapin de Noël. Et s’organiser à soi-même un anniversaire surprise est une gageure, je vous l’accorde là encore bien volontiers. Et je passe évidemment sous silence la partie charnelle des (d)ébats (mais non sans vous rappeler tout de même l’affirmation de Woody Allen sur la pratique de l’autoérotisme : cela consiste à pratiquer le sport caméral avec quelqu’un qu’on aime !).

En attendant l’hypothétique apparition en ma demeure d’une callipyge sylphide, surgissant du néant pour troubler la quiétude de mon érémitique retraite, je vous laisse : il faut vraiment que je trouve le moyen de m’autobadigeonner le dos de cette saloperie de crème solaire !

A la semaine prochaine,

Kika

*Avez-vous regardé sous les coussins du canapé ? Généralement, c’est là qu’elle se trouve. Vous me remercierez plus tard.**

**Voilà. On est plus tard. De rien.

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