D’habitude, suite à un passage plus éclair qu’une fermeture de jean’s dans l’urinoir l’isoloir (désolé, vraiment, ça devient ridicule cette sempiternelle confusion), et après avoir jeté négligemment son bulletin dans l’ur(i)ne, votre serviteur profite des journées d’élections pour se refaire une bonne vieille série télé en intégralité, histoire d’éviter les fastidieux débats qui suivent le scrutin.
Je me targue en général d’avoir autre chose à faire de mon dimanche soir que de passer 5 heures d’affilée en présence de têtes-à-claques sur leurs plateaux télévisés, en train de commenter des résultats aussi incomplets qu’incertains (surtout au vu de la remarquable efficacité de notre système électoral, digne d’une république bananière), tandis que des experts-comptables en décrochage professionnel s’entredéchirent pour savoir lequel d’entre eux aura pris la moins grosse dégelée à la fin de la journée.
Cette année pourtant, en dépit de cet intérêt mitigé pour les débats stériles, l’écran de ma télévision est resté allumé en cette fin de dimanche, et l’ennui est bien au rendez-vous… mais cette fois-ci il est rythmé d’un délicieux bruit de bottes qui laisse rêveur et flatte les tympans.
Dans le respect des tendances récentes, un peu partout dans les environs, ce sont les partis les plus accueillants qui font le carton-plein aux élections, belges et européennes (ou devrais-je écrire « Europe et haines » ?). Vlaams Belang et PTB en Belgique, Rassemblement National en France, mais aussi Allemagne, Autriche et Italie (toujours un excellent signe d’espoir, connaissant leur potentiel conjoint de nuisance – toute ressemblance avec des évènements réels, présents ou passés, est bien sûr complètement fortuite : pire, eine grosse provokazion !*), ou encore Pologne, Hongrie… la liste des pays offrant – ou semblant bien partis pour le faire au moment de rédiger ces lignes – un triomphe à leurs extrêmes (droite ou gauche, same difference !) fait plaisir à voir !
« Plaisir », j’ai dit plaisir ?
Pardon, c’est parce que je pensais à des amis à moi qui déjà se frottent les mains : mes nombreux camarades banquiers helvétiques, qui ne devraient pas tarder à voir revenir dans leur giron les petites économies des plus nantis d’entre nous, sentant le vent** tourner. Comment ne pas nous réjouir pour ces braves gens encravatés, qui n’ont que trop souffert ces derniers temps d’un inexplicable déficit d’image ?! Il fallait bien que cet ostracisme et cet injuste acharnement cessent un jour !
Quant à votre serviteur, il envisagerait bien de renommer son blog « radio-Londres », mais je ne voudrais pas me retrouver obligé d’utiliser ces pages pour diffuser des messages incohérents et cryptés, destinés à des maquisards en goguette. Par mesure de prudence, je vais donc me faire refaire un passeport, tant que la chose est possible. Il y a toutes les semaines un avion qui décolle pour Pyongyang, où paraît-il l’air est délicieux, et les gens charmants. La preuve : l’Europe se mobilise en masse pour s’inspirer de cette remarquable nation.
Comme je préfère toujours l’original à la copie, il me semble assez logique d’envisager un départ vers le pays de « Rocket-Man »-Jong Un.
A la semaine proche haine, si mon aérodromophobie met le holà à cet ambitieux plan d’évasion,
Kika
*Si seulement c’était un « point Godwin »…
** J’aurais pu écrire « le pet », vu l’odeur un peu rance, mais vous commencez à connaître ma pudeur naturelle, et le souci qui est le mien de maintenir en ces lieux une certaine élégance teintée de subtil raffinement.
