Après un mois et demi plantés dans nos canapés comme des endives, nous voici tous revenus à peu près à l’état de légumes. Et on ne va pas se raconter des salades : cette année, pour les séducteurs, la récolte va être médiocre !
Certes, pour nous remonter un peu le moral, le gouvernement a récemment utilisé la carotte du déconfinement. Mais au risque de vous faire blêmir, il faut être une sacrée truffe pour imaginer que la vie va reprendre son cours normal juste après les Seins de Glace.
L’épidémie est passée par là, et elle a semé le doute et la crainte sur son passage, telle une nuée de criquets pélerins sur un champs de maïs !
Rappelez-vous comme il y a peu, avec l’arrivée du printemps, nous avions tous la pêche ! Nous parlions encore avec nos voisins de bureau à trente centimètres de leurs pommes, sans masque et sans gants. Inconscients du danger, à la pause déjeuner, ils vous proposaient de goûter leur salade de fruits directement dans leur bol, et après une séance de sport vous étiez capable de vous abreuver au même arrosoir que votre adversaire du jour.
Aujourd’hui, vous parlez aux maraîchères avec un masque, et devisez avec vos amis en les regardant avec suspicion à travers le gris de votre webcam, en vous demandant s’il est certain à cent pourceaux que les infâmes postillons de cette bande de poires ne peuvent pas se propager par le truchement du Wi-Fi.
Dès lors, il me semble assez étonnant que la probable détresse des célibataires pendant ce confinement soit si peu évoquée dans la presse, qui pourtant devrait en faire ses choux gras ! Tous ces malheureux, interdits de sorties depuis un mois et demi sous peine de ramasser une prune, espèrent avec anxiété la fin de leur calvaire… espoirs qui devraient rapidement être douchés !
Car en fait, dans ce climat franchement peu propice, à quoi pourrait bien ressembler un rencard entre deux jeunes pousses en juillet 2020, une fois le lockdown levé ?! Après des semaines et des semaines de séduction en mode Amour courtois, allez-vous enfin récolter les fruits de votre dur labeur ? Alerte divulgâchis comme on dit au Québec : purée, c’est pas gagné !
Certes, vous pourrez bientôt enfin à nouveau croiser quelques charmantes collègues de bureau, ou bien une délicate voisine dans les rayons d’une boutique Hache & Aime, mais tout de même : séduire en se parlant à 1,50 mètre et avec un masque… ça va être coton (c’est mon blog ; je fais ce que je veux !).
Les individus à la recherche de l’âme soeur vont donc devoir redoubler d’imagination pour parvenir à leur faim dans un environnement aussi particulier. Car une fois leur flirt mûre pour une rencontre en fesse-à-face (oui, je sais ce que vous pensez de mes jeux de mots vaseux…), il restera encore à établir le programme de la journée… Et ça, ça va être du spore (je l’ai déjà faite, mais admettez que c’était difficile de ne pas la recycler dans ce con texte) !
Musées, expos, cinémas, terrasses de café et autres restos ne seront manifestement pas une option ; s’ils ouvrent, ils seront à moitié vides, et des loufiats vous serviront avec des masques à gaz et débarqueront avec leur savon hydroalcoolique comme des cheveux dans la soupe au milieu de votre rencard. Admettez que ça manque un peu de piquant !
Les frontières demeurant fermées, et les évènements collectifs interdits, vous pourrez toujours tenter d’inviter l’objet de votre flemme à une descente de la Leffe en kayak… Mais j’espère que vous aimez ramer ! N’espérez pas qu’elle vous laissera promener vos salsifis sur ses melons après un tel coup dans l’eau !
Surtout ne commettez pas non plus l’erreur funeste de l’emmener en citrouille pour une ballade champêtre. Croyez-moi qu’après deux mois à ce régime, et malgré son nom, la Forêt de Soignes n’est pas le remède indiqué. Comme tous les Bruxellois, pour l’avoir arpentée en long et en large pendant trois mois, votre future-ex ne pourra plus la voir en verdure avant la prochaine floraison !!
Evidemment, les festivaux (c’est pas une faute, c’est un mot-valise eh patate !) ne seront pas une option non plus. Voilà encore une belle opportunité manquée de montrer à votre promise comment vous savez vous trémousser les rutabagas sur un dancefloor. Résolument, le 18 juin prochain ne sera pas le jour de la pelle générale…
Non, j’ai beau me presser le citron, je ne vois qu’une seule option pour obtenir les faveurs de cette jolie donzelle au teint de pêche que vous poursuivez de vos assiduités. Si vous possédez un lopin de terre, organisez-lui une rave party privée. Ca ne vous coûtera pas un radis, et chou comme vous êtes, impossible que vous vous preniez un râteau cette fois-ci !
A la semaine prochaine, si mon imagination fertile porte à nouveau ses fruits,
Kikh
P.S.: vous aurez noté que, malgré quelques métaphores scabreuses, j’ai réussi à m’abstenir de placer le mot oignon. Admettez que je fais pour vous des efforts assez gratinés !