Ode à ces créatures velues d’ailleurs
La décision de les exterminer avait été difficile à prendre ; le Congrès des animaux à moustaches savait que, dans l’ensemble, la plupart des chabitants de la Planète étaient assez attachés à leur petit humain de compagnie.
Mais hélas, après plus de huit mois, la situation était devenue hors de contrôle. Les humains, pour une raison inexplicable, ne daignaient plus quitter le domicile de leurs maîmaîtres, sauf pour de très rares escapades au magasin de croquettes le plus proche. Ce qui était évidemment très gentil de leur part, mais tout de même : pas habitués à devoir tolérer la présence de leurs compagnons sans poils durant des journées entières, 24/7, 365 jours par an, les chats commençaient à les trouver solidement casse-papattes.
D’autant plus que, à cause de cet excès de temps libre aussi mystérieux que soudain, les humains de compagnie prenaient de désastreuses initiatives ! Privés de plusieurs de leurs siestes quotidiennes, souvent mis au régime (horresco referens !), victimes de doudouces plusieurs fois par jour, les félins étaient au bord de la rérévolte (ah non, pardon, là ça ne marche pas).
Pour éviter la chatastrophe, le gouvernement félin n’eut pas d’autre choix. Les chats passèrent à l’action un chamedi soir. Profitant de leur sommeil, ils exterminèrent, souvent à regrets, leurs sapiens de compagnie.
Les chiens, ravis d’avoir leurs maîmaîtres pour eux à temps plein, avaient redoublé d’efforts pour les avertir du danger, mais leurs aboiements restèrent lettre morte. Depuis lors, l’histoire du chien qui crie au chat est l’un des contes les plus racontés aux petits chatons avant la sieste de 8h39 (celle qui précède le traditionnel temps de repos de 9h45).
Hélas, les chats avaient un peu vite oublié la raison pour laquelle, au départ, ils avaient décidé d’apprivoiser les bipèdes… Le danger guettait, et il était déjà trop tard pour l’endiguer.
Chamsterdam, An 20 AEC (Après l’Extermination de ces Crétins)
Pendant deux décennies, les félins s’en étaient donné à coeur joie. Rien ne semblait pouvoir entraver leur marche vers le progrès – et surtout pas ces idiots de chiens, qui avaient d’autres nonos à ronger (approximativement 7 milliards, selon les dernières estimations).
La ville était devenue le centre culturel du monde, et la capitale de la mode et du bon moû. Les Chamstellodamois croquaient la vie à pleines canines ; les artistes de tous poils s’y rencontraient dans une effervescence rare, désireux de marquer le siècle de leur empreinte de coussinets.
Mâles et femelles – indistinctement, parce que les chats ont des défauts mais pas celui de l’intolérance – arboraient le soir leurs plus belles robes griffées ; les bars a croquettes ne désemplissaient pas. On avait déjà rebaptisé l’époque les Meowing Twenties.
Mais tout cela était trop beau pour durer ; un minuscule grain de sable allait leur mettre la pâtée. L’épidémie était aux portes des Pays-Chats. En l’absence des humains, de leurs instincts de chasseurs, et plus que tout : de leurs poupouces préhensiles, ces pestes de tiques envahirent le monde en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire.
A défaut d’un vaccin – et accessoirement d’un vétérinaire pour l’administrer – cette véritable plaie semblait impossible à endiguer. On observa bientôt des queues immenses devant les centres d’examen du pelage. Et des files assez impressionnantes aussi d’aileurs. Le Sénéchal n’eut pas d’autre choix ; il fallait déclarer un confinement général pour stopper la contagion !
Plus de fêtes entre chamis ; fermeture des gouttières et des souricières de 9h00 à 18h00, accès strictement réglementés aux salles de spores et aux salons de toilettage ; les familles se trouvaient tragiquement séparées ; les siamois vivaient un véritable casse-tête…
Jadis si chatoyante (en dehors bien sûr des 17 heures de siestes quotidiennes de ses chabitants), Chamsterdam, s’était transformée en ville-fantôme, d’un ennui abyssinal. « Quelle vie d’humains ! », se disaient-ils.
Bien sûr, comme on peut l’imaginer, les chats finirent par retomber sur leurs pattes ; mais ils apprirent tout de même, quoiqu’un peu tard, que face à une épidémie, il vaut parfois mieux prendre son mâle en patience, plutôt que de sortir les griffes. Et que finalement, avoir sous son toit un.e gentil.le bête à poil, ça peut quand même servir.
A la semaine prochaine, pour une autre petite histoire totalement fictive à raconter à l’animal qui vous tient compagnie,
Kikh
Oups je me suis égaré, comment est-ce qu’on sort d’ici ? 😉
En effet, un article sur les chats, ce n’était pas pour toi ! Lis plutôt celui-ci, il y a plein de photos de chiens https://lekikh.com/index.php/2019/12/22/lego-surdimensionne/
c’est pas gay-chat, dis-donc! ils vont se faire une petite idée de leurs maîmaîtres à la retraite!